Collonges-sous-Salève

Un bibliothécaire timide,
passionné et plein d’humour

Alfred Félix Vaucher est né et a grandi au Piémont, dans les vallées vaudoises italiennes.
Sa Grand-Maman n’est autre que Catherine Revel, la première adventiste baptisée en dehors des Etats-Unis.
Selon les propres mots d’Alfred, il est né d’un malentendu. Ses parents divorcent juste quelques mois après le mariage. Peut-être même avant sa naissance. 
Nous sommes au 19e siècle encore, un divorce était une chose rare.
Alfred a maintenant neuf ans. Il comprend que Dieu l’appelle à entrer et à travailler dans l’Eglise adventiste. 
Sa mère souhaite qu’il soit mieux préparer et lui demande d’attendre.
A 13 ans, l’appel revient, solennel. Alors sans consulter ses proches, il contacte le pasteur et demande le baptême. Nous sommes au tournant du siècle, en 1900.
Un peu plus tard, lors d’un culte, on lui accorde le privilège de commenter la deuxième partie du premier chapitre de Daniel. Il est si timide qu’il ne lève pas les yeux de sa Bible et ne regarde pas l’auditoire.
Encore trop jeune pour être employé par l’Eglise, il étudie à l’école technique de Turin.
Le 31 mars 1910, il se marie avec Emma et le jeune couple est envoyé Lugano. En août, il reçoit un appel pour l’Italie et il s’y rendra en septembre.
L’histoire adventiste au Tessin a commencé avec un jeune homme timide qui a pu y rester au maximum cinq mois. Mais cela a suffit pour allumer la mèche d’une bougie qui brûle encore aujourd’hui.
L’histoire d’Alfred ne s’arrête pas là. Elle se lie avec l’école de formation biblique qui après différents lieux ouvre ses portes en 1921 à Collonges-sous-Salève.
Il est nommé bibliothécaire. Les livres sont sa grande passion. Mais il est le bibliothécaire d’une bibliothèque vide ! Tout est à construire. Alors il passe commande. Sauf que le directeur du Séminaire lui dit que le budget ne suffit pas pour satisfaire sa commande, car il n’y a pas d’argent. Alors Alfred paie de sa poche. Et c’est le début de la bibliothèque.
La recherche documentaire et les livres sont la passion d’Alfred. La moitié de son salaire y passe. A tel point, qu’un jour, sa plus belle moitié, Emma, lui sert comme repas, un livre servi sur assiette avec couteau et fourchette en lui souhaitant « Bon appétit ! ».

Les débuts du « Séminaire »

« Dès les premières années qui ont suivi leur établissement dans les pays d’Europe latine, les Adventistes du 7e jour ont senti le besoin de posséder une école missionnaire ».
« Ce ne fut, néanmoins, qu’en 1892 qu’on put songer à créer un fonds d’éducation. 
En attendant qu’une école permanente fût établie, des cours bibliques furent tenus, avec des résultats encourageants :

à Peseux, près de Neuchâtel (1893-94), sous la direction de J. Curdy ;
à la Chaud-de-Fonds (1895), sous la direction de E. J. Waggoner ;
à Genève (1901), puis à Paris (1902-03), sous la direction de B. Wilkinson.


La propriété de la Lignière, à Gland (Vaud), ayant été achetée en 1904, une école missionnaire permanente fut ouverte la même année en relation avec une école de gardes-malades. Placée d’abord sous la direction de J. Vuilleumier (1904-11), puis sous celle de P. Steiner (1911-17), l’école de Gland fonctionna régulièrement, avec une interruption momentanée (1914-1915) motivée par la guerre.


Nombre d’évangélistes et de lectrices de la Bible furent formés pendant ces années.
L’école ayant dû fermer, un cours biblique fut tenu à Nîmes (1919-1920), sous la direction de J.C. Guenin, en attendant de meilleurs jours. »
Extrait du premier bulletin 
du Séminaire adventiste du Salève, 1921.

L’achat à Collonges-sous-Salève

« A l’assemblée du comité de l’Union tenue à Genève, il y a une année [en 1920, ndlr], il avait été décidé de faire l’achat d’une propriété en France, en vue d’y établir une Ecole missionnaire supérieure, pour l’Union latine.
 A la suite de cette décision, nous avons immédiatement entrepris des recherches à cet effet. Ces recherches ont été poursuivies pendant des mois, mais sans résultat. 
Nous avons visité et examiné des centaines de propriétés situées dans différentes parties de la France. Nous avons vu une quantité de châteaux. Une partie de ceux-ci étaient anciens, humides et malsains. D’autres étaient de magnifiques édifices, entourés de ravissants jardins et de beaux parcs. Mais ils étaient construits pour des résidences et ne répondaient pas à notre but.
Cependant, parmi ceux-ci, il y en aurait eu quelques-uns qui, moyennant certains changements, auraient pu être convertis en école. Mais le prix de un à cinq millions, dépassait de beaucoup nos moyens.
 Au bout de quelques mois de recherches infructueuses, nous commencions à croire que tous nos efforts seraient vains, lorsqu’une de nos soeurs de Paris nous envoya une annonce qu’elle avait lue dans une journal. On y disait que dans une localité sise non loin de Genève, un bel hôtel meublé serait vendu aux enchères dans quelques jours.
 Quelques-uns d’entre nous s’y rendirent aussitôt, et l’impression étant des plus favorables, nous avons télégraphié aux membres du comité de l’Union de venir nous rejoindre de suite. Ceci se passait le jeudi et la vente aux enchères devait avoir lieu le lundi suivant.
 Ce jour-là, nous étions sur place avec la majorité des membres du comité de l’Union, les membres du comité de la Conférence du Léman, ainsi que les chefs de notre Institution de Gland et un certain nombre de frères de l’Eglise de Genève.
 Nous avons soigneusement visité l’hôtel et la propriété en question. La propriété adjacente, comprenant aussi un hôtel, étant de même à vendre, nous l’avons examinée, et il fut décidé à l’unanimité d’acquérir ces deux propriétés ainsi que le terrain avoisinant. »
A.V. Olson, Le Messager, 15 juillet 1921

Voilà comment Olson décrit l’achat. Tout semble avoir été guidé par Dieu dans la plus cordiale entente.
Sauf que…
Sauf que le vote a eu besoin de deux tours. Au premier vote, une voix contre. Au deuxième, une abstention. Cette voix discordante, c’était celle d’Alfred Vaucher. Pour connaître son point de vue, clique ici vers les Archives.

Infos pratiques

Eglise adventiste du Campus :
131 Chem. du Pérouzet, 74160 Collonges-sous-Salève, France.
www.egliseducampus.org

Campus :
33 Chem. du Pérouzet, 74160 Collonges-sous-Salève, France.
http://www.campusadventiste.edu/

Musée :

Le musée couvre des aspects clés de l’adventisme de 1864 à 1945 en 6 espaces. Un des trésors : les affaires de John Nevin Andrews.
Visite sur rendez-vous.

Bibliothèque Alfred Vaucher :
https://www.bibavaucher.net/

Pour aller plus loin :
Archives adventistes – Alfred Vaucher
Archives du Campus